Décaissement des projets financés : le MFBEN engage une nouvelle dynamique de suivi
Les faibles taux de décaissement freinent la mise en œuvre des projets et pèsent sur la balance des paiements du pays, selon le ministre Alain Ndikumana.
Le Ministre des Finances, du Budget et de l’Économie Numérique, Dr Alain Ndikumana, a présidé ce mercredi une réunion de travail avec les coordonnateurs des projets financés par les partenaires au développement.
Cette rencontre visait à dresser une situation de référence du portefeuille national, à évaluer les taux de décaissement et à identifier les obstacles qui freinent l’exécution des projets.
« Les évaluations montrent que le taux de décaissement des projets financés par les partenaires avoisine les 20 %, que ce soit pour la Banque mondiale, la BAD, le FIDA, etc…», a indiqué le ministre.
Des ressources disponibles mais peu utilisées
Les chiffres présentés lors de la réunion illustrent l’ampleur du défi. La Banque mondiale finance actuellement 16 projets au Burundi pour une enveloppe globale de 1,9 milliard de dollars américains, dont seulement 21,9 % ont été décaissés. « Cela signifie qu’environ 1,6 milliard de dollars restent non consommés alors que la plupart des projets arrivent à la fin de leurs délais de mise en œuvre », a précisé le ministre.
Ce faible niveau d’exécution a des conséquences directes sur la situation macroéconomique du pays.
« Si nous parvenons à décaisser ces montants, cela nous permettra d’accroître notre position extérieure en devises pour financer nos importations, car nos exportations ne couvrent aujourd’hui que 30 % de nos besoins », a-t-il souligné.
La Banque africaine de développement (BAD) présente une situation comparable : plus de 400 millions de dollars sont engagés sur divers projets, mais les taux de décaissement demeurent proches de 20 %.
Une nouvelle dynamique de suivi
Au-delà du diagnostic, cette rencontre a marqué le lancement d’une nouvelle dynamique gouvernementale axée sur le suivi régulier des projets. « Ces réunions vont se tenir de manière régulière. Nous voulons que tous les coordonnateurs aient une vision claire de l’ensemble du portefeuille et des défis à relever », a déclaré Dr Ndikumana.
Le ministre a replacé cette démarche dans la perspective fixée par le Chef de l’État : « Nous sommes dans un nouveau gouvernement avec une nouvelle logique. L’année 2025 a été déclarée par Son Excellence le Président de la République comme une année de référence vers la Vision 2040–2060. Nous devons donc avoir une compréhension commune des objectifs fixés. »
Les causes profondes des retards
Les faibles taux de décaissement trouvent leur origine dans des causes multiples, à la fois techniques, institutionnelles et structurelles. Parmi elles : des failles dès la conception des projets, un manque de compétences techniques au sein de certaines équipes, et des contraintes conjoncturelles comme la pénurie de carburant ou l’insuffisance de ressources locales pour assurer le suivi. « Souvent, les difficultés apparaissent dès la phase de négociation. Il arrive qu’un projet soit approuvé, mais que deux années s’écoulent avant la mise en place de son unité de gestion. Cela compromet l’efficacité et réduit le temps utile d’exécution », a relevé le ministre.
Responsabilisation et feuille de route
Pour corriger ces faiblesses, Dr Ndikumana a insisté sur la responsabilisation des acteurs et la clarté des responsabilités. « Pour résoudre un problème, il faut savoir qui fait quoi, avec quels moyens, pourquoi et avec qui. C’est en catégorisant clairement les défis que nous pourrons y apporter des solutions réalistes. »
Le ministre a également instruit les coordonnateurs à transmettre, tous les trois mois, les rapports d’avancement et les PTBA (Plans de Travail et Budgets Annuels) déjà validés, afin de permettre un suivi rapproché par le ministère.
Vers une meilleure performance du portefeuille
Cette réunion s’est conclue sur un engagement commun à renforcer la coordination et à accélérer le rythme d’exécution des projets.
« Nous n’allons peut-être pas tout résoudre immédiatement, mais nous devons convenir de la manière d’aborder les problèmes. C’est par une approche structurée, rigoureuse et collective que nous y parviendrons », a conclu le ministre.
Une dynamique qui s’inscrit pleinement dans les priorités du Gouvernement du Burundi pour améliorer l’efficacité de l’aide publique, accélérer le développement et renforcer la redevabilité dans la gestion des ressources.
